En Belgique, pour attester du salaire versé à leurs travailleurs, les employeurs ont l’obligation d’émettre des fiches de paie mensuelles. Si à chaque fin de mois, les salariés sont impatients de recevoir leur salaire, nombreux sont ceux qui disent ne pas comprendre ce la fiche qui l’accompagne…
Selon les résultats d’une étude iVOX réalisée pour le compte de Prato, une société qui gère environ deux millions de fiches de salaire par an, 26,8% des salariés belges avouent éprouver des difficultés à déchiffrer leur fiche de paie, peut-on lire dans La Dernière Heure. La tendance est d’autant plus marquée chez les jeunes salariés : chez les travailleurs de moins de 34 ans la statistique passe, en effet, à un Belge sur trois.
Joris Peumans, CEO de Prato, n’est pas étonné de ces statistiques. Il explique au quotidien : « Beaucoup de gens se contentent de jeter un œil sur le montant tout au bas de la feuille pour vérifier s’il correspond au salaire net versé sur leur compte en banque. Le calcul pour y arriver leur importe peu ».
Le salaire : un sujet complexe
A entendre le CEO de Prato, ces constats ont une explication évidente. Comprenez : chez nous, le calcul du salaire n’est pas des plus simples. Pour preuve, la Belgique figure à la troisième place du système de calcul des salaires les plus complexes au monde. Dans le peloton de tête, on retrouve la France et l’Italie. « Même pour les spécialistes des ressources humaines, ce n’est pas toujours évident », pointe Joris Peumans.
Et de poursuivre : « Les demandes et questions à propos des feuilles de salaire ne nous sont évidemment pas adressées directement : les salariés frappent d’abord à la porte du payroll officer ou du service RH de leur entreprise. Mais nous remarquons a posteriori que s’il y a des problèmes, c’est souvent parce que le travailleur n’a pas – ou pas bien – compris le calcul. «
Pour Joris Peumans ce problème n’est pas incontournable, il explique : « On peut favoriser la transparence en automatisant les processus et en donnant des informations plus détaillées sur chaque ligne de la fiche de paie. En transmettant ces connaissances aux consultants RH, nous pouvons contribuer à diminuer les incertitudes de ces 30 % de salariés concernés. »
Vers un système de paiement hebdomadaire ?
Si les salaires sont d’ordinaire payés à chaque fin de mois, l’étude met aussi en évidence une tendance émergente : les salariés sont de plus en plus demandeurs d’un salaire payé chaque semaine. Cette revendication hebdomadaire du salaire serait une conséquence de l’évolution des technologies sur les mentalités. « L’ici et le maintenant : c’est un nouveau phénomène de société. En raison de la généralisation des applications électroniques et de l’Internet mobile, les gens s’attendent à obtenir, directement et partout, ce qu’ils désirent », explique le CEO.
Face à cette évolution, une nouvelle génération et un nouveau type de travailleurs apparaît. S’ils sont séduits par un produit et qu’ils n’ont pas assez de liquidités, ils sont prêts à travailler quelques jours de plus pour épargner la somme nécessaire. En parallèle, ils ne veulent plus attendre la fin du mois pour toucher leur appointements. « Une rémunération en temps réel en quelque sorte, ou au moins quotidienne, peut apporter une solution » conclut Joris Peumans.
Fiche de paie numérique, la Belgique à la traîne
En analysant les données en sa possession, Partena Professional a constaté, début 2019, qu’environ 80.000 employés affiliés étaient passés aux fiches de paie numériques, indique HR Magazine. En revanche, 78% de ses membres recevaient toujours leur fiche de salaire en format papier.
En Belgique, les entreprises qui envoient, à l’ensemble de leurs travailleurs, un bulletin de salaire sont loin d’être majoritaires. Malgré la numérisation en profondeur d’une grande partie de l’administration (facturation électronique, opérations bancaires), on constate que la digitalisation des salaires accuse toujours un net retard.
Pourtant le passage à la digitalisation de la fiche de paie représente une étape logique, quelle que soit sa motivation principale. Selon une enquête* un peu plus ancienne, menée fin 2018 par le secrétariat social Acerta, ce comportement serait plutôt dû à la force de l’habitude qu’à une opposition de principe.
Face à cette absence de bonnes pratiques, on constate que les entreprises auront dans les mois et les années à venir, plus d’un défi à relever avec les fiches de paie : transparence, lisibilité, écologie, numérisation, sécurité, rapidité,…
En tant que dirigeant d’entreprise vous souhaitez des fiches de paie électroniques, claires et transparentes ?
* données auprès de plus de 40.000 employeurs issus du secteur privé (PME et grandes entreprises) – 2018