Les micro-entrepreneurs, premières victimes économiques du coronavirus ? C’est probable. Ils vont en tout cas y laisser beaucoup de plumes… Des milliers de très petites entreprises témoignent en effet de leur difficulté à obtenir des aides publiques. La microfinance, via le microcrédit, peut-elle leur offrir une solution ?
Même si les conséquences de la crise économique provoquée par la pandémie restent pour l’instant impossibles à évaluer, plusieurs facteurs indiquent déjà que les petites entreprises n’en sortiront pas indemnes, indique le quotidien L’Echo.
Parmi les plus touchées par la crise figurent les micro-entreprises. De toutes petites sociétés qui employent moins de cinq personnes. Mais qui pèsent lourd dans la balance puisqu’elles représentent pas moins de 95% des entreprises belges. Elles sont particulièrement actives dans les secteurs qui ont reçu un véritable coup de massue lors de la crise, comme l’horeca ou les salons de coiffure.
Selon une enquête menée par microStart, le premier organisme de microcrédit professionnel en Belgique, deux tiers de ces entrepreneurs confient être « très inquiets » pour l’avenir. Aussi incroyable que cela puisse paraître, 40% d’entre-eux avouent même rencontrer des difficultés à obtenir les aides de l’Etat auxquelles leurs entreprises ont pourtant droit, révèle le quotidien.
Besoin de trésorerie
En haut de l’échelle des préocupations, figure l’accès au financement. Pour Emmanuel Legras, CEO de microStart, les micro-entrepreneurs sont les grands oubliés de la crise. Et ce, malgré les mesures exceptionnelles qui sont mises en place pour accompagner les entreprises. Pour rappel, un montant de 50 milliards d’euros de garantie publique a été engagé.
« De nombreux indépendants n’entrent pas en considération pour plusieurs mesures d’aide en raison de leur statut », analyse-t-il. C’est la cas notemment des indépendants complémentaires ou travaillant en coopérative qui se retrouvent exclus de certaines mesures.
L’accès à l’information est aussi épinglé par le spécialiste qui remarque que les indépendants ne sont pas forcément bien informés de leurs droits et des aides qui leur sont attribuées.
Même son de cloche du côté de Patrick Somerhausen, CEO de Funds for Good : « Nous constatons de vrais problèmes de trésorerie parmi les 300 entreprises que nous avons contribué à mettre sur pied. Les plus jeunes sont les plus fragiles, mais les sociétés qui ont engagé une ou deux personnes ont aussi des difficultés à assumer les charges fixes« . Des charges fixes qui avoisinent les 2.600 euros par mois en moyenne.
La microfinance, un secteur sous-développé en Belgique
Chez nous, la microfinance reste sous-exploitée confirment certains spécialistes du secteur qui la voient pourtant comme une partie de la solution, la microfinance ayant déjà démontré par le passé son efficacité en période de crise.
Dans les colonnes du quotidien, le Syndicat neutre pour indépendants (SNI) révèle que très peu de ses membres y font appel en cette période de crise. Patrick Somerhausen, confirme cette tendance : « Ce n’est (…) pas une activité rentable et elle reste sous-développée en Belgique« , explique-t-il au quotidien.
Chez nous, environ un millier de microcrédits seraient accordés annuellement. Après le « Win win lening » en Flandre et le « Prêt coup de pouce » en Wallonie, la Région bruxelloise a enfin créé recemment son propre prêt à taux réduit visant à stimuler le prêt de particuliers vers les entreprises. Le « Prêt proxi » permet aux particuliers de prêter de l’argent aux entrepreneurs bruxellois tout en bénéficiant d’avantages fiscaux sous la forme d’un crédit d’impôts et d’une garantie de 30% de la somme due en cas de faillite.
Déjà sur la table du gouvernement bruxellois avant la pandémie, le « Prêt proxi » avait pour objectif de favoriser l’accès aux financements et aux liquidités pour les entrepreneurs et surtout les petits commerçants, les artisans et les TPE pour lesquels la situation était déjà très difficile. La crise sanitaire n’a fait que renforcer ce constat.
Les spécialistes déplorent des initiatives trop rares et trop timides en la matière. « C’est pourtant une partie de la solution« , défend le CEO de microStart. « Beaucoup de gens vont perdre leur emploi à cause de cette crise, il faudra en créer de nouveaux et l’entrepreneuriat populaire, par lequel les travailleurs créent eux-mêmes leur société, est une excellente manière de le faire« .