Dès sa première conférence de presse, Pierre Wunsch, le nouveau gouverneur de la BNB, a sifflé la fin de la récréation. Il ne comprend pas que les banques continuent de se livrer à une concurrence féroce sur le marché des crédits hypothécaires, alors que cela pèse sur leurs marges.
Pourtant cette « guerre » entre banques s’explique d’un strict point de vue de la mécanique commerciale, car le prêt hypothécaire est un produit-levier qui permet de capturer le client pendant 20 ans.
Les banques sont-elles pour autant imprudentes? Les chiffres montrent en tout cas que bien souvent, elles prêtent plus que la quotité de 80% qui est considérée comme raisonnable.
Peu de défauts de paiement
Relevons que les défauts de paiements sur les crédits hypothécaires ne dépassent pas 1% en Belgique et que nos compatriotes optent massivement pour des taux fixes. Autrement dit, si les taux grimpent, ils ne seraient pas étranglés comme ce fût le cas en Espagne ou en Grande-Bretagne.
Mais la BNB n’en démord pas : son rôle, c’est de veiller à la bonne santé des banques sur lesquelles elle exerce un contrôle prudentiel. Traduisez : un contrôle préventif. Raison pour laquelle la BNB demande aux banques de freiner leur endettement.
Un arbitre pour réguler le secteur
Ces précautions ne sont sans doute pas inutiles, d’autant que la croissance du crédit hypothécaire reste très élevée en Belgique.
Du côté des banques, c’est l’étonnement. Lorsque la presse les interroge, elles affirment rester dans les clous et se montrer prudentes. Du côté de Febelfin, l’association des banquiers, on joue la carte de la modération, en estimant que l’intervention de la BNB est saine. Puisque le secteur n’arrive pas à s’autoréguler, autant que ce soit la BNB qui joue les arbitres. Le nouveau ministre des finances, Alexandre De Croo, est du même avis et attend que la BNB fasse des propositions en ce sens.
Mais, si les conditions d’octroi des prêts hypothécaires venaient à se durcir, la demande chutera inévitablement. Ce qui ne devrait guère avancer les banques.
Du côté des hommes politiques, cette idée n’est pas très populaire surtout quand ils doivent administrer des villes qui essaient d’attirer de jeunes couples.
Accès à la propriété retardé
Du strict point de vue du consommateur, le danger, c’est bien entendu que les exonérations des droits d’enregistrement mises en place par les régions pour faciliter l’accès au premier logement soient anéanties par des règles plus sévères pour l’obtention d’un crédit hypothécaire.
Pour les jeunes couples, surtout ceux qui ne peuvent pas compter sur un coup de pouce parental, l’accès à la propriété immobilière ne sera alors pas impossible, mais sans doute retardé.
Il faudra se montrer patient et épargner pour constituer un premier apport. Comme nos parents l’ont fait avant nous…